
Originaire du Bronx, Renell Medrano façonne depuis plus d’une décennie une esthétique unique, brute, sensible et profondément ancrée dans les réalités marginalisées.
Ce qui distingue son travail n’est pas seulement la beauté qu’elle capture, mais les espaces qu’elle crée. Ses images mettent en scène des corps, des voix et des identités trop souvent reléguées en marge dans la culture comme dans la mode.

By Renell Medrano for HommeGirls magazine
Son regard singulier lui a permis de photographier certaines des figures les plus influentes de notre époque: de Kendrick Lamar pour Mr. Morale & The Big Steppers, à Jay-Z, en passant par Solange ou Skepta. Au fil de ses collaborations avec New Balance, Port Tanger, ASICS, Timberland ou encore Nike, elle déploie une direction artistique qui dépasse la commande : elle construit des récits, des atmosphères, des mondes.

Kendrick Lamar for Mr. Morale & The Big Steppers
Cette approche de la narration visuelle transparaît jusque dans ses projets personnels, comme sa couverture pour HommeGirls, où elle réalise un autoportrait: devant et derrière l’objectif, elle affirme le contrôle total de son image.
ICE : la réinvention d’un imaginaire
Lancé en 2024, ICE Magazine puise dans l’imagerie des années 70–80, celle de publications comme Players, avec leurs codes visuels sensuels et assumés. Medrano en retourne cependant la logique : ce qui était pensé pour un regard masculin devient un espace centré sur les femmes et leurs propres récits.
Le premier numéro, réalisé en deux jours avec une équipe 100 % féminine, est né d’un casting ouvert sur Instagram : plus de 500 femmes ont répondu, bien au-delà des attentes. Les images qui en résultent célèbrent des corps pluriels, des beautés multiples, des identités invisibilisées avec une sincérité rarement vue dans la presse contemporaine.

Ice magazine volume one
Du Bronx à l’Atlantique : expansion et communauté
En 2025, ICE s’étend : le second volume est consacré à Atlanta, aux « Georgia Peaches ». L’objectif n’est pas d’imiter New York, mais de capter une autre énergie, une autre histoire, une autre réalité de femmes afro-descendantes ancrées dans le Sud. Renell Medrano l’explique ainsi :
« J'ai choisi Atlanta car je me sens très liée au Sud. À chaque fois que j'y vais, l'énergie qui s'en dégage me rappelle chez moi. Chaque personne que je rencontre dégage une beauté naturelle et authentique. Je vois ICE Magazine comme un prolongement de moi-même, qui évoluera au même rythme que tous mes projets. Au fil de mes voyages, ICE Magazine deviendra une plateforme pour mettre en avant différents types de femmes et de créatrices, où que j'aille. Ma vision me dépasse. »

Photo for Ice magazine volume 2
ICE devient ainsi plus qu’une revue : une plateforme, une communauté, un espace d’autodétermination visuelle.
Un projet qui respire la culture afro-diasporique, la transmission et le besoin de représentations réelles, loin des filtres imposés par l’industrie.
Vision artistique : du portrait au manifeste
Le travail de Medrano dépasse la simple photographie. C’est une forme d’activisme visuel, un manifeste qui revendique la beauté around-the-way, une beauté familière, locale, quotidienne ainsi que la dignité, la sensualité non exotisée et l’authenticité. Elle façonne des images qui ressemblent aux femmes qu’elle photographie, et à celles qui la regardent.

Jamaica photo series
ICE en est le prolongement naturel : un espace esthétique, politique et générationnel, pensé pour redonner le pouvoir à celles qui n’en ont jamais été les destinataires.
C’est aussi ce qui fait de Renell Medrano une figure majeure de l’image hip-hop contemporaine : une artiste qui archive, qui élève, qui révèle. Une créatrice qui, des rues du Bronx aux pages d’ICE, construit des mondes où celles qu’on oublie trouvent enfin toute leur place.


