Nouseskou, L'hybridation dans les gènes

Nouseskou, L'hybridation dans les gènes

8 octobre 2025

par Sara Mahmoud

par Sara Mahmoud

par Sara Mahmoud

Il est de ces personnes qui nous questionnent sur nos propres capacités. Danseur, compositeur de musique, graphiste, chorégraphe, dramaturge, fin connaisseur de logiciels en tous genres : Nouseskou, c’est un artiste tellement complet et proactif qu’il pourrait faire passer Jul pour un procrastinateur. Entre compréhension de son approche et longues envolées philosophiques, rencontre avec le prodige nippon de la danse technologique.


RDKL Ton travail est compliqué à résumer tant il est polyvalent. Il se situe entre la musique, le design, la danse et le numérique, et croise au sein d’une même proposition des dizaines de disciplines à la fois. Comment est-ce que tu te définis ?

C’est toujours un peu compliqué de répondre à cette question. Artistiquement, je suis connu sous le nom de nouseskou, j’explore la relation entre la technologie et le corps en utilisant notamment TouchDesigner, un logiciel de création de contenus audiovisuels interactifs. Je suis aussi danseur de rue et de danse contemporaine, j’ai eu la chance d’atteindre la finale des championnats du Japon avec mon équipe, Nouses. Pour ce qui est de mes influences, disons que je puise une partie de mon inspiration dans les éléments profonds de la nature présente à Kyoto, ma ville natale. Les forêts, le silence et la sérénité des sanctuaires ont une influence profonde sur mon processus créatif. Pour ce qui est des disciplines, je dirais plutôt que mon engagement artistique englobe plusieurs formes d'expression, notamment la danse, la production musicale et la conception vidéo. Mes œuvres sont marquées par mes propres influences comme la musique concrète et le mouvement artistique japonais Mono-ha par exemple, né à la fin des années 60.


Vidéo : @nouses_kou


Comment en vient-on à mélanger le breakdance avec l'art contemporain, puis avec le numérique ? Pourquoi avoir créé des ponts entre ces disciplines particulières ?

Je ne sais pas tellement s’il y a eu un processus conscient de ma part, ce sont des éléments qui faisaient déjà partie de mon bagage artistique, disons que j’ai mêlé tout ça naturellement. Je pense que cela relève de l'écoute de ma propre voix intérieure, j’ai eu envie de le faire alors je l’ai fait. C’est un peu comme une journée ensoleillée où vous sortez sans plan précis, votre premier pas peut aller dans n'importe quelle direction, influencé par des stimuli visuels, sons, températures, événements passés, et pensées actuelles. C’est un peu comme ça que je vois la manière dont je suis arrivé à ce résultat.

"Ce qui compte le plus, c'est l'approche de la danse, la confrontation avec soi-même, l'apprentissage des autres et du monde."


Si nous revenons aux fondamentaux du breakdance, quelle est l'importance de la compétition par rapport à la performance artistique ?

La compétition fascine mais j’ai un profond respect pour les deux. Ce qui compte le plus, c'est l'approche de la danse, la confrontation avec soi-même, l'apprentissage des autres et du monde. Une manière enrichissante d'utiliser sa vie.


Pour la première fois, le breakdance était présent aux Jeux Olympiques de Paris en 2024. Quel est ton avis sur cette intégration ? Est-ce que tu aurais aimé participer à cette discipline dans un cadre aussi officiel ?

Plus jeune, j’aurais beaucoup aimé. Maintenant, c’est différent, je me concentre sur le présent, sur mes propres projets, et je m'efforce de ne pas être surpassé par le talent exceptionnel des danseurs d’aujourd’hui.


Quel est ton processus de création pour inventer de nouvelles figures et routines de danse ?

C’est difficile à décrire, mais pour faire une comparaison, je dirais que j’essaye de ressentir les choses de la même manière dont un nouveau-né bouge ses bras et ses jambes pour toucher l’air et s’approprier l’espace à la naissance. Ou la façon dont nous avons joué dans le sable au parc ou en faisant des maquettes de Gundam. Pour moi, l’instinct et l’écoute de soi est au centre de mon processus. La vie quotidienne est source de création. Récemment, j'ai été impressionné par un paysage où la lumière orange traversait les arbres sur un chemin sombre, c'était dans les montagnes. Parfois, j'attends aussi patiemment qu'un très petit insecte que je trouve dans ma chambre grimpe sur ma main pour que je puisse le relâcher tout en faisant attention à ne pas l'écraser. Ou à la manière dont j'ajuste la force de mon corps pour éviter de lui nuire. Tout ces micro-évènements sont des parties assez compliquées à décrire mais incroyablement importantes du processus.


Vidéo : @nouses_kou


Il y a une forme de dramaturgie dans ta danse, dans tes choix musicaux, dans ton esthétique : tu parles d'incarnation, de réincarnation et de la place du corps dans l'espace public. Quelle histoire souhaites-tu transmettre à travers cela ?

S'exprimer est un acte de compréhension de soi, des autres et du monde. Cela implique une expression solitaire et un entraînement, ainsi que diverses rencontres au cours du processus. À travers ces expériences, j'ai appris à apprécier la présence des autres et ma propre existence. En m’exprimant, que ce soit au travers de la danse, de la musique ou d’autres formes d’art, je me sens vivant et connecté à mon environnement. C’est ça l’histoire que j’essaie de raconter : celle d’une quête de la ré-appropriation de mon corps, et via mon corps, de mon esprit.

"S'exprimer est un acte de compréhension de soi, des autres et du monde. Cela implique une expression solitaire et un entraînement, ainsi que diverses rencontres au cours du processus."


En plus de valoriser la musique, tu en crées également. Que peux-tu nous dire de Intimations of Immortality ?

Je m'engage un peu dans cette idée de créer et laisser derrière soi. Dans la vie, je me suis toujours senti un peu en retrait, c’est un sentiment qui fait partie de moi. Peut-être parce que j’ai la sensation que je m’exprime mieux par les sons que par les mots. J'ai façonné cet album à partir de mes souvenirs, de mes influences musicales qui sont entre l’ambient et la botanica, et de mes propres aspirations. Je crois qu'il existe un moment qui englobe tout - des rencontres avec autrui, des sentiments d'affection, une immersion dans la danse ou d'autres expériences, même la routine de la vie quotidienne - tous pliés avec des émotions venant des profondeurs de mon être. Avant tout, je ressens une profonde gratitude pour ces moments, ceux où je crée.


Et demain ?

Je suis reconnaissant d’avoir des projets mais je n'aime pas qu'ils déforment le présent, du moins la manière dont je l’appréhende, alors j'essaie de ne pas trop y penser.

Il est de ces personnes qui nous questionnent sur nos propres capacités. Danseur, compositeur de musique, graphiste, chorégraphe, dramaturge, fin connaisseur de logiciels en tous genres : Nouseskou, c’est un artiste tellement complet et proactif qu’il pourrait faire passer Jul pour un procrastinateur. Entre compréhension de son approche et longues envolées philosophiques, rencontre avec le prodige nippon de la danse technologique.


RDKL Ton travail est compliqué à résumer tant il est polyvalent. Il se situe entre la musique, le design, la danse et le numérique, et croise au sein d’une même proposition des dizaines de disciplines à la fois. Comment est-ce que tu te définis ?

C’est toujours un peu compliqué de répondre à cette question. Artistiquement, je suis connu sous le nom de nouseskou, j’explore la relation entre la technologie et le corps en utilisant notamment TouchDesigner, un logiciel de création de contenus audiovisuels interactifs. Je suis aussi danseur de rue et de danse contemporaine, j’ai eu la chance d’atteindre la finale des championnats du Japon avec mon équipe, Nouses. Pour ce qui est de mes influences, disons que je puise une partie de mon inspiration dans les éléments profonds de la nature présente à Kyoto, ma ville natale. Les forêts, le silence et la sérénité des sanctuaires ont une influence profonde sur mon processus créatif. Pour ce qui est des disciplines, je dirais plutôt que mon engagement artistique englobe plusieurs formes d'expression, notamment la danse, la production musicale et la conception vidéo. Mes œuvres sont marquées par mes propres influences comme la musique concrète et le mouvement artistique japonais Mono-ha par exemple, né à la fin des années 60.


Vidéo : @nouses_kou


Comment en vient-on à mélanger le breakdance avec l'art contemporain, puis avec le numérique ? Pourquoi avoir créé des ponts entre ces disciplines particulières ?

Je ne sais pas tellement s’il y a eu un processus conscient de ma part, ce sont des éléments qui faisaient déjà partie de mon bagage artistique, disons que j’ai mêlé tout ça naturellement. Je pense que cela relève de l'écoute de ma propre voix intérieure, j’ai eu envie de le faire alors je l’ai fait. C’est un peu comme une journée ensoleillée où vous sortez sans plan précis, votre premier pas peut aller dans n'importe quelle direction, influencé par des stimuli visuels, sons, températures, événements passés, et pensées actuelles. C’est un peu comme ça que je vois la manière dont je suis arrivé à ce résultat.

"Ce qui compte le plus, c'est l'approche de la danse, la confrontation avec soi-même, l'apprentissage des autres et du monde."


Si nous revenons aux fondamentaux du breakdance, quelle est l'importance de la compétition par rapport à la performance artistique ?

La compétition fascine mais j’ai un profond respect pour les deux. Ce qui compte le plus, c'est l'approche de la danse, la confrontation avec soi-même, l'apprentissage des autres et du monde. Une manière enrichissante d'utiliser sa vie.


Pour la première fois, le breakdance était présent aux Jeux Olympiques de Paris en 2024. Quel est ton avis sur cette intégration ? Est-ce que tu aurais aimé participer à cette discipline dans un cadre aussi officiel ?

Plus jeune, j’aurais beaucoup aimé. Maintenant, c’est différent, je me concentre sur le présent, sur mes propres projets, et je m'efforce de ne pas être surpassé par le talent exceptionnel des danseurs d’aujourd’hui.


Quel est ton processus de création pour inventer de nouvelles figures et routines de danse ?

C’est difficile à décrire, mais pour faire une comparaison, je dirais que j’essaye de ressentir les choses de la même manière dont un nouveau-né bouge ses bras et ses jambes pour toucher l’air et s’approprier l’espace à la naissance. Ou la façon dont nous avons joué dans le sable au parc ou en faisant des maquettes de Gundam. Pour moi, l’instinct et l’écoute de soi est au centre de mon processus. La vie quotidienne est source de création. Récemment, j'ai été impressionné par un paysage où la lumière orange traversait les arbres sur un chemin sombre, c'était dans les montagnes. Parfois, j'attends aussi patiemment qu'un très petit insecte que je trouve dans ma chambre grimpe sur ma main pour que je puisse le relâcher tout en faisant attention à ne pas l'écraser. Ou à la manière dont j'ajuste la force de mon corps pour éviter de lui nuire. Tout ces micro-évènements sont des parties assez compliquées à décrire mais incroyablement importantes du processus.


Vidéo : @nouses_kou


Il y a une forme de dramaturgie dans ta danse, dans tes choix musicaux, dans ton esthétique : tu parles d'incarnation, de réincarnation et de la place du corps dans l'espace public. Quelle histoire souhaites-tu transmettre à travers cela ?

S'exprimer est un acte de compréhension de soi, des autres et du monde. Cela implique une expression solitaire et un entraînement, ainsi que diverses rencontres au cours du processus. À travers ces expériences, j'ai appris à apprécier la présence des autres et ma propre existence. En m’exprimant, que ce soit au travers de la danse, de la musique ou d’autres formes d’art, je me sens vivant et connecté à mon environnement. C’est ça l’histoire que j’essaie de raconter : celle d’une quête de la ré-appropriation de mon corps, et via mon corps, de mon esprit.

"S'exprimer est un acte de compréhension de soi, des autres et du monde. Cela implique une expression solitaire et un entraînement, ainsi que diverses rencontres au cours du processus."


En plus de valoriser la musique, tu en crées également. Que peux-tu nous dire de Intimations of Immortality ?

Je m'engage un peu dans cette idée de créer et laisser derrière soi. Dans la vie, je me suis toujours senti un peu en retrait, c’est un sentiment qui fait partie de moi. Peut-être parce que j’ai la sensation que je m’exprime mieux par les sons que par les mots. J'ai façonné cet album à partir de mes souvenirs, de mes influences musicales qui sont entre l’ambient et la botanica, et de mes propres aspirations. Je crois qu'il existe un moment qui englobe tout - des rencontres avec autrui, des sentiments d'affection, une immersion dans la danse ou d'autres expériences, même la routine de la vie quotidienne - tous pliés avec des émotions venant des profondeurs de mon être. Avant tout, je ressens une profonde gratitude pour ces moments, ceux où je crée.


Et demain ?

Je suis reconnaissant d’avoir des projets mais je n'aime pas qu'ils déforment le présent, du moins la manière dont je l’appréhende, alors j'essaie de ne pas trop y penser.

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