Pol-Edouard, Le goût du choc

Pol-Edouard, Le goût du choc

8 octobre 2025

par Tim Levaché

par Tim Levaché

par Tim Levaché

Situé quelque part entre cyborgs à l’œil vengeur, armes semi-automatiques, rappeurs bodybuildés et consoles des années 90, l’univers de Pol-Edouard est aussi fourni que chargé de références. Des films de série B aux accents trash en passant par des couleurs plus détonantes les unes que les autres, le travail de cet illustrateur a une faculté : attraper l’attention de quiconque posera les yeux dessus. Un résultat unique dans le paysage visuel français, né d’une imagination qui trouve son équilibre entre culture digitale, cinéma d’action et figures incontournables du rap américain :

"Mon inspiration est issue des années 80, 90, avec les films de SF à la Schwarzy, les jeux vidéo Mega Drive, les couleurs fluo et néon de cette époque. Je dirais que je suis dans la vague Synthwave, ou Cyberwave. Dans mon travail, je reprends des éléments un peu à droite à gauche, je me laisse guider à la fois par mes souvenirs d’enfance, et ceux de mon adolescence. En vrai, je fais des images pour faire plaisir à l’enfant que j’étais."

Mr.T-rex, feutres sur papier, digitalisé, 21x26,3 cm, 2022.
Moto-X Fighter, feutres sur papier, digitalisé, 21x26,3 cm, 2021.

Entre représentations de scènes ultra-détaillées, portraits de zombies au crâne fendu, lames aiguisées et corps stéroïdés, Pol-Edouard s’est donné comme ligne directrice le saisissement : celui qu’il a ressenti plus jeune face à des images aussi repoussantes qu’attirantes, celui qu’il veut déclencher chez celles et ceux qui tomberont sur ses œuvres : « Je ne cherche pas particulièrement le beau ou le mauvais goût, je cherche le choc. L’idée de mon travail c’est de retrouver la sensation de choc visuel que j’ai connue en découvrant les pochettes des cassettes VHS de ces films, ou les covers des jeux vidéo qui étaient illustrées sans ordinateur. J'essaie de retranscrire l'univers mental que peut avoir un enfant des années 90 baigné dans la culture de cette époque. C’est ça que je recherche, faire une seule image qui montre toute une histoire ou un univers mais en rajoutant un côté art brut, fait main. C'est pour ça que je veux qu'on voie les erreurs de proportions ou les techniques, un peu comme le feutre qu'on utilise en école primaire. J'aime bien imaginer que je montre un de mes dessins avec un mec musclé et un gros gun à la maîtresse du CM2. Elle m’enverrait direct chez le proviseur ou chez le psy en disant “Là on a un problème !”. C'est ça que je veux comme choc ! »

Street fighter II, technique mixte sur papier, 80x50 cm, 2020

En parallèle de cette esthétique digitale que Pol-Edouard découvre avec fascination, une autre entité s’impose dans les années 90 et 2000 comme un véritable raz-de-marée culturel : le hip-hop, porté dans la musique par ses DJ mais aussi et surtout par ses icônes rap. Une star du genre lui procurera d'ailleurs un choc similaire à celui qu’il a eu en découvrant les pochettes de jeux vidéo ou de films : avec son attitude OG, ses morceaux égotrip explosifs, ses grandes chaînes et ses voitures améliorées, la vague 50 Cent s’abat sur les États-Unis, l’Europe et le monde tout entier (ou presque). Pol n’échappe pas au phénomène : « Quand il y a eu 50 Cent avec In Da Club, j'avais 19 ans. On a commencé à mettre des baggys, des faux diamants et faire un peu de muscu à cause de lui. Quand je l'ai dessiné des années plus tard, je repensais à toute cette époque lycée où je rêvais de faire des dessins pour des pochettes de rap ou des illus dans les magazines. Et là mon dessin de Fifty est dans RADIKAL ! Je l’ai aussi fait parce qu’à un moment, on parlait de 6ix9ine et de sa prétention au trône du King of New York. Il s’est passé ce qu’il s’est passé, alors forcément, je pense que cette place revient encore à Fifty. C’était une manière de célébrer ça à travers un dessin ».

Double Blade, marqueurs sur papier quadrillé, 32x40 cm, 2023.

Pourtant, résumer le travail de Pol aux influences néon des années 80 ou à l’imagi- naire hip-hop serait presque réducteur, tant son travail est à la croisée des genres, des in- fluences et des techniques de création. Si ses techniques vont de l’aérographe à la sérigra- phie, que sa notion de composition visuelle emprunte parfois aux tableaux de maître et que son regard sur les corps s’installe aussi dans un héritage acquis des techniques de sculpture, son œuvre est bien plus large que son esthétique choc semble la décrire à première vue. Sur la question de son identi- té, Pol-Edouard se décrit comme un indéfini : « On peut dire qu’on est tous le fruit de notre mi- lieu et de nos influences, ça se voit plus ou moins. Pour ce qui est de moi je l’assume complètement. Mais vu que je puise mes inspirations aussi bien dans la peinture classique que les vieux jeux vidéo, le graffiti et la sculpture antique, hybride, ça me va bien comme définition ! ».

Situé quelque part entre cyborgs à l’œil vengeur, armes semi-automatiques, rappeurs bodybuildés et consoles des années 90, l’univers de Pol-Edouard est aussi fourni que chargé de références. Des films de série B aux accents trash en passant par des couleurs plus détonantes les unes que les autres, le travail de cet illustrateur a une faculté : attraper l’attention de quiconque posera les yeux dessus. Un résultat unique dans le paysage visuel français, né d’une imagination qui trouve son équilibre entre culture digitale, cinéma d’action et figures incontournables du rap américain :

"Mon inspiration est issue des années 80, 90, avec les films de SF à la Schwarzy, les jeux vidéo Mega Drive, les couleurs fluo et néon de cette époque. Je dirais que je suis dans la vague Synthwave, ou Cyberwave. Dans mon travail, je reprends des éléments un peu à droite à gauche, je me laisse guider à la fois par mes souvenirs d’enfance, et ceux de mon adolescence. En vrai, je fais des images pour faire plaisir à l’enfant que j’étais."

Mr.T-rex, feutres sur papier, digitalisé, 21x26,3 cm, 2022.
Moto-X Fighter, feutres sur papier, digitalisé, 21x26,3 cm, 2021.

Entre représentations de scènes ultra-détaillées, portraits de zombies au crâne fendu, lames aiguisées et corps stéroïdés, Pol-Edouard s’est donné comme ligne directrice le saisissement : celui qu’il a ressenti plus jeune face à des images aussi repoussantes qu’attirantes, celui qu’il veut déclencher chez celles et ceux qui tomberont sur ses œuvres : « Je ne cherche pas particulièrement le beau ou le mauvais goût, je cherche le choc. L’idée de mon travail c’est de retrouver la sensation de choc visuel que j’ai connue en découvrant les pochettes des cassettes VHS de ces films, ou les covers des jeux vidéo qui étaient illustrées sans ordinateur. J'essaie de retranscrire l'univers mental que peut avoir un enfant des années 90 baigné dans la culture de cette époque. C’est ça que je recherche, faire une seule image qui montre toute une histoire ou un univers mais en rajoutant un côté art brut, fait main. C'est pour ça que je veux qu'on voie les erreurs de proportions ou les techniques, un peu comme le feutre qu'on utilise en école primaire. J'aime bien imaginer que je montre un de mes dessins avec un mec musclé et un gros gun à la maîtresse du CM2. Elle m’enverrait direct chez le proviseur ou chez le psy en disant “Là on a un problème !”. C'est ça que je veux comme choc ! »

Street fighter II, technique mixte sur papier, 80x50 cm, 2020

En parallèle de cette esthétique digitale que Pol-Edouard découvre avec fascination, une autre entité s’impose dans les années 90 et 2000 comme un véritable raz-de-marée culturel : le hip-hop, porté dans la musique par ses DJ mais aussi et surtout par ses icônes rap. Une star du genre lui procurera d'ailleurs un choc similaire à celui qu’il a eu en découvrant les pochettes de jeux vidéo ou de films : avec son attitude OG, ses morceaux égotrip explosifs, ses grandes chaînes et ses voitures améliorées, la vague 50 Cent s’abat sur les États-Unis, l’Europe et le monde tout entier (ou presque). Pol n’échappe pas au phénomène : « Quand il y a eu 50 Cent avec In Da Club, j'avais 19 ans. On a commencé à mettre des baggys, des faux diamants et faire un peu de muscu à cause de lui. Quand je l'ai dessiné des années plus tard, je repensais à toute cette époque lycée où je rêvais de faire des dessins pour des pochettes de rap ou des illus dans les magazines. Et là mon dessin de Fifty est dans RADIKAL ! Je l’ai aussi fait parce qu’à un moment, on parlait de 6ix9ine et de sa prétention au trône du King of New York. Il s’est passé ce qu’il s’est passé, alors forcément, je pense que cette place revient encore à Fifty. C’était une manière de célébrer ça à travers un dessin ».

Double Blade, marqueurs sur papier quadrillé, 32x40 cm, 2023.

Pourtant, résumer le travail de Pol aux influences néon des années 80 ou à l’imagi- naire hip-hop serait presque réducteur, tant son travail est à la croisée des genres, des in- fluences et des techniques de création. Si ses techniques vont de l’aérographe à la sérigra- phie, que sa notion de composition visuelle emprunte parfois aux tableaux de maître et que son regard sur les corps s’installe aussi dans un héritage acquis des techniques de sculpture, son œuvre est bien plus large que son esthétique choc semble la décrire à première vue. Sur la question de son identi- té, Pol-Edouard se décrit comme un indéfini : « On peut dire qu’on est tous le fruit de notre mi- lieu et de nos influences, ça se voit plus ou moins. Pour ce qui est de moi je l’assume complètement. Mais vu que je puise mes inspirations aussi bien dans la peinture classique que les vieux jeux vidéo, le graffiti et la sculpture antique, hybride, ça me va bien comme définition ! ».

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