
Un Sac de sport rempli de matériel, un ami chef opérateur, un contact sur place et 10 jours. Voilà peu près ce qu’il a fallu à Kevin Frilet pour réaliser le premier épisode de RADIKAL WORLDWIDE, notre série documentaire en immersion dans les scènes hip-hop des quatre coins du monde. Sauf celui dans lequel on vit.
L’idée derrière cette série, c’est de s’intéresser aux territoire non-occidentaux, là ou la culture locale s’est construite en marge de l’influence des états-unis, voire en rejet total de celle-ci. Pourtant, depuis sa naissance au début des années 70 à New-York, la puissance du mouvement est telle qu’il est aujourd’hui implanté partout sur la planète, même là ou la culture des USA a longtemps été bannie. De quoi donner naissance à des scènes artistiques inédites, modelées à la fois par une nouvelle lecture du mouvement, une culture traditionnelle locale et surtout, une connexion internet qui ouvre le champ des possibles. Alors pour ce premier épisode, la destination s’est présentée à Kevin Frilet après une découverte, et pas des moindres :
“J’avais envie de faire ce premier épisode en Asie. Je voulais éviter les scènes japonaises et thaïlandaises déjà relativement exposée, alors je m’étais penché sur la Mongolie, et un groupe de rap d’Oulan-Bator. Je trouvais ça dingue de voir des gars en train de rapper en plein milieu des steppes. Mais un jour, je tombe sur un morceau de B-Side, un groupe de Phnom Penh. Ils rappent en Khmer, mêlent des sonorités de son traditionnels cambodgiens avec de la trap et de la drill, ils sont jeunes, ils sont frais. Ça me parle direct. Je commence un peu à faire mes recherches, et rapidement je me demande comment la nouvelle génération vit la culture hip-hop là-bas, après la dictature communiste de Pol Pot et le génocide commis par les Khmers Rouges. Jusqu’à ce que je découvre ce mec qu’on appelle Kay-Kay".

Kay-Kay, par Kévin Frilet
Personnage central de l’épisode, Kay-Kay est l’un de ceux qui s’accrochent, toujours. Né dans les camps de réfugiés cambodgiens en Thaïlande, Kay-kay a grandi à Long Beach, en Californie, là ou bon nombre de cambodgiens sont arrivés dans les années 80. Aux états-unis, sa situation est précaire : pour survivre dans la rue, il rejoint des gangs, commet ses premiers larcins. Jusqu’à celui de trop : Après un énième jugement, le gouvernement l’ordonne de quitter le territoire, direction le Cambodge, son pays qu’il n’a jamais connu, dont il ne parle même pas la langue. Là-bas, il découvre une vie bien différente de celle aux USA :
“Quand il arrive à Phnom Penh, il découvre une autre forme de pauvreté. Pas celle des États-Unis, celle d’une capitale en expansion, ou les jeunes sont laissés à l’abandon, et vivent dans la rue sans aucune forme d’encadrement. Alors, il a une idée : récolter des financements pour ouvrir une école de break et de rap, la rendre accessible à tous ces jeunes, et partager sa passion. Il s’est installée comme un pionnier du mouvement hip-hop à Phnom Penh, sans lui, B-side et bon nombre d’autres artistes et danseurs n’auraient peut-être jamais eu de carrière, ou n’auraient même jamais existé
Pour découvrir l’histoire complète de Kay-kay et la scène hip-hop cambodgienne, le premier épisode de RADIKAL WORLDWIDE, Welcome to Phnom Penh, est disponible sur notre chaîne YouTube.