
Bouyon Sauce Bishop
Avant de se placer comme l'un des innovateurs les plus téméraires de la scène rap francophone, Ricky Bishop était un passionné. L'un de ceux qui passaient des journées à télécharger des mixtapes tout droit venues des U.S, l'un de ceux qui ont grandi en dansant sur de la Soca, l'un de ceux qui s'intéressent à tout, tout le temps, sans jamais perdre le moindre interêt pour les découvertes. Une faim insatiable qui s'est installée il y a plusieurs dizaines d'années, à des milliers de kilométres de l'hexagone:
"J'ai grandi en Guadeloupe. La-bas, j'ai découvert ce qui se faisait dans les caraibes, mais aussi le rap français et américain. Ma mère est malgache, et on écoute aussi beaucoup de musique à Madagascar, j'ai quelques oncles qui en font aussi. Le virus je l'ai attrapé très tôt, alors je me suis intéressé à tout. Avec les sites de téléchargement illégaux dans les années 2010, j'étais inarrétable"
Depuis ses premières sorties en 2020, Ricky Bishop n'a jamais cessé d'explorer. S'il a longtemps fait ses armes dans la trap et ses lourdes 808, la plugg et ses mélodies envolées, les lignes de synthes grésillantes fideles à la Rage et les placements décalés de la DMV, Ricky se réveille un beau matin avec une autre envie, celle de faire danser celles et ceux qui l'écoutent : « J'explore beaucoup, et cette histoire de Bouyon c'est un peu arrivé par hasard. On voulait faire un truc plus dansant, on vient de Guadeloupe, alors on s'est dit autant faire du Bouyon ! Le premier son c'était Soukré Sa. Je l'ai fait pour tester et j'ai eu des supers retours, ça a bien pris. Très vite j'ai reçu olein de prods Bouyons, alors dans la foulée j'ai fait Flaques et Anlé Mwen en une journée. Ça a bien parlé aux gens, donc je me suis dit pourquoi pas faire un projet dans la même vibe. En moins d'un moins ça s'est enchaîné très vite, les étoiles se sont alignées ».

Photo : Jocelyn Hamel @jocelyn_hamel
Et cet alignement, il survient aussi à un moment inédit dans l'histoire du Bouyon. Peu après la sortie de sa mixtape #NewBouyon qui propose une relecture du genre a la sauce Bishop, le destin décide de donner à Ricky un petit coup de pouce : le Bouyon connait une deflagration comme jamais il n'en avait connu dans l'hexagone, et ça, c'est grâce à un morceau : Kongolese sous BBL de Theodora. Alors, portée par la brèche ouverte par l'artiste certifiée d'un single de platine, la musique de Ricky Bishop semble elle aussi avoir trouvé écho dans la scène francophone auprès d'un public qui découvre en même temps qu'il s'attache à ces contre-temps dansants. De quoi lui permettre de se placer comme l'un des porte-etendard de cette musique sur le continent :
"Je me reconnais beaucoup dans cette nouvelle proposition, j'ai envie d'être reconnu comme l'un des gars qui fait vivre cette musique dans l'hexagone, sans m'enfermer là-dedans non plus. C'est pour ça que j'essaye de me la ré-approprier le plus possible, d'y intégrer ma sauce ! C'est un peu ça le but de ce projet, c'est créer des ponts, entre ma patte et ce genre qui a bercé mon enfance."


